Médecine esthétique et chirurgie esthétique : faut-il en parler ?

En France, rares sont les patientes qui crient haut et fort et assument qu’elles ont bénéficié de la chirurgie esthétique. Le sujet fait toujours débat : « Faut-il le dire ? ‘Avouer’ que l’on a eu recours à la chirurgie plastique ou à la médecine esthétique ? Après tout, il n’y a rien de mal… Oui, mais qu’en diront les autres ? » Les questions fusent.

Finalement, tout est une question de choix personnel, et ce choix est très culturel. Cela dépend également du but (esthétique ou réparateur) ou encore de l’âge des patientes. Le Dr Marchac vous livre son point de vue.

Médecine esthétique et chirurgie esthétique : deux disciplines complémentaires mais différentes

Pour la chirurgie réparatrice, je ne vois aucun tabou: les patients parlent facilement à leur entourage de leur “aventure” chirurgicale. En revanche, cela change du tout au tout pour l’autre moitié de mes patients qui recherche des soins esthétiques, soit pour lutter ou prévenir le vieillissement, soit pour rendre leur visage plus harmonieux. Avant tout, il convient de différencier la médecine esthétique et la chirurgie esthétique. Même si les techniques sont étroitement liées et permettent une prise en charge globale des complexes des patients, elles divergent sur de nombreux points. La médecine esthétique (injections, peelings, fils tenseurs…) est moins invasive que la chirurgie plastique (lifting, rhinoplastie, blépharoplastie, prothèses mammaire, plastie mammaire…), qui nécessite, la plupart du temps, une anesthésie assortie d’une période de récupération de quelques jours.Avec la médecine esthétique, les traitements sont rapides et il n’y a pas besoin de s’arrêter de travailler pendant quelques jours. Néanmoins, les actes de médecine et de dermatologie esthétiques sont généralement moins durables dans le temps.

Les patients ont beaucoup moins peur de la médecine esthétique que de la chirurgie esthétique, en particulier des injections d’acide hyaluronique. Par conséquence, je vois des patients qui vont très facilement en parler à leur entourage, beaucoup plus facilement que pour la chirurgie.

Chirurgie esthétique : à quelles fins ?

Vieillir, en tant que tel, ce n’est pas grave, c’est même tout à fait normal, et les rides du visage traduisent une maturité qui a du charme. Mais vieillir, c’est aussi avoir l’air fatigué quand on ne l’est pas, avoir l’air triste, avoir l’air sévère, et avoir l’air relâché. Et ça, c’est beaucoup moins acceptable. Mon métier, c’est de réaligner la femme de 50 ans qui se sent super en forme, qui a la même énergie qu’à ses 30 ans, mais qui voit ses photo de l’anniversaire de sa fille de 20 ans et qui se dit qu’elle a une tête terrible. Les patients qui viennent me consulter en vue d’une chirurgie esthétique le font avant tout pour eux et pour leur bien-être. Il ne s’agit pas de “rajeunir” à tout prix, mais de se sentir mieux dans son corps et dans sa peau, de reprendre confiance en soi. De réaligner l’image que l’on a de soit, et l’image que l’on voit en photo. La chirurgie esthétique cherche à corriger ce décalage qui cause des souffrances. Bien sûr c’est mieux d’avoir la grande sagesse d’être capable de se regarder vieillir, mais il faut bien reconnaître que peu de gens atteignent ce degré d’élévation spirituelle. C’est une réalité que l’on a tendance à cacher dans notre société. Le cliché de la patiente accro à la chirurgie qui enchaîne les opérations et finit par ne plus ressembler à rien, c’est heureusement rarissime. L’immense majorité des gens sont bien équilibrés, heureux, et ont simplement envie de prendre soin de leur enveloppe, de ne pas laisser les choses se dégrader sans rien faire. Et entre ne rien faire, et en faire trop, il y a heureusement un point d’équilibre. Mon savoir faire, c’est d’aider les gens à trouver ce point d’équilibre et d’y rester le plus longtemps possible, comme pour une posture de yoga.

Après une chirurgie esthétique, faut-il en parler ?

Alors faut-il en parler ? Il n’y a pas de réponse exacte à cette question ! C’est très personnel (certaines personnalités sont d’un naturel plus communicatif, plus extraverti que d’autres), et très culturel. Par exemple, aux USA, il y a très peu de tabou sur l’esthétique. Quand vous regardez un site comme Realself (www.realself.com), les patients y postent sans complexes toutes les photos de leurs opérations et ils n’hésitent pas à demander conseil. En France, nous avons plus de réserve sur ce sujet, mais je trouve que cela change vite. La génération des 18-30 ans a un rapport beaucoup plus simple avec son corps, avec bien moins de tabou.

Notre culture française nous pousse à chercher des résultats absoluments naturels et indétectables. La première chose que me disent les patientes pour un lifting du visage c’est presque toujours: “Cela ne doit pas se voir!”. Alors cela m’amène à développer des techniques spéciales, avec toujours plus de naturel. C’est cela la French touch!

Au final, je ne pense pas que la chirurgie esthétique mérite d’être aussi tabou que cela, et je remarque que les patientes qui sont transparentes sur leur opération avec leur entourage ont généralement des suites simples et vivent très bien leur opération, parce qu’elles reçoivent du soutien et de l’écoute.

Un sujet délicat ? Pas partout !

Si le sujet est parfois encore délicat à aborder dans l’Hexagone, c’est loin d’être le cas dans d’autres pays.

Au Brésil par exemple, la chirurgie esthétique est totalement ancrée dans les mœurs et est même indispensable au plein épanouissement de ses formes. Le sujet est très facilement abordé dans les discussions.

De la même façon, quand je demande à mes patientes libanaises ou russes pourquoi elles viennent me voir, j’entend souvent une réponse du type : “j’étais à un dîner de copine et ma voisine m’a dit que je devais absolument faire quelque chose pour mes cernes“. C’est très culturel car je ne vois pas ma femme, française typique, dire cela à une de ces amie!

Médecine esthétique et chirurgie esthétique : vers la fin d’un tabou ?

Ces dernières décennies, la médecine esthétique et la chirurgie plastique ont fait d’énormes progrès. Les techniques sont de moins en moins invasives et les patients désirent avant tout des résultats naturels et harmonieux. C’est peut-être pour cette raison que ce sujet, autrefois tabou, tend à se démocratiser.

En tout cas, les célébrités, influenceuses et autres personnalités publiques ne se cachent plus. Dans une interview menée par le magazine Santé Femme, Cristina Cordula, l’animatrice des Reines du shopping, explique : « Je suis Brésilienne (…) je viens du pays de la chirurgie esthétique, donc ‘pour’ évidemment ! Je n’ai aucun tabou là-dessus. Il faut juste que ce soit bien fait ».

Certaines stars vont même jusqu’à recommander des soins et des instituts, une manière de changer le regard sur le vieillissement et sur les traitements anti-âge. La société change, la tendance est désormais au bien-être physique et mental. Les mentalités évoluent également. Serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère ?