Implant Files et prothèses mammaires
Le journal Le Monde publie aujourd’hui les Implant Files, fruit d’un travail d’investigation collaborative (250 journalistes de 36 pays) sur les complications des dispositifs médicaux implantables (DMI).
Les résultats de l’enquête sur les DMI
Il en ressort que le marquage CE d’un nouveau DMI est aisé à obtenir, et que les complications ne sont pas systématiquement répertoriées. Les médecins et les hôpitaux déclarent bien certains incidents, mais leur déclaration n’est pas obligatoire.
Personnellement, je pense que ce travail d’investigation est formidable et qu’il pointe du doigt une lacune de notre système de santé, car sans un répertoire exhaustif des complications, il est impossible d’informer clairement les patients sur le rapport bénéfice-risque d’un traitement.
Dans la clinique où j’opère, depuis plusieurs années, nous déclarons systématiquement les implants anormaux. Notre chef de bloc ne tolère aucune exception et il faut la féliciter pour son esprit avant-gardiste.
Mon expérience avec les prothèses mammaires
En pratique, c’est lors des changements d’anciennes prothèses mammaires que je déclare les incidents que je constate, comme une prothèse rompue, une altération de l’enveloppe, une réaction inflammatoire de l’organisme, etc… Je n’ai jamais observé le rarissime lymphome qui peut se développer au contact de certaines prothèses mammaires. Le risque est actuellement estimé à 1 pour 100 000 patientes.
Cette variété de cancer des ganglions (lymphome anaplasique à grande cellule) semble principalement liée à une inflammation chronique causée par la friction de certaines enveloppes de prothèses mammaires, dont la surface est rugueuse. On appelle cela la macro-texture. Cette rugosité avait été spécialement développée par certains fabricants de prothèses pour diminuer le taux de coques et éviter la rotation des implants anatomiques.
Depuis 5 ans, je suis l’investigateur d’une étude de suivi sur 10 ans d’une nouvelle génération de prothèses mammaires lisses. J’ai donc la chance de n’avoir pas posé les implants mis en cause aujourd’hui et je ne suis pas inquiet pour mes patientes, mais en revanche, le standard téléphonique n’arrête pas de sonner. Des patientes que je n’ai pas opérées sont inquiètes et se demandent si elles doivent faire retirer leurs implants.
Je leur recommande de prendre un rendez vous de consultation pour un examen de la poitrine, dans les semaines à venir, et si besoin, je leur prescrirais une échographie ou une IRM mammaire.
Les membranes des prothèses mammaires peuvent être lisses, microtexturées, ou macrotexturées. La macrotexturation, vue ici au premier plan, est utilisée pour éviter la rotation des prothèses anatomiques, et diminuer le risque de coque. Leur surface rugueuse est impliquée dans des cas très rares de lymphome anaplasique à grandes cellules.
Dr Alexandre Marchac
Publié le 28 novembre 2018Bonjour,
oui il faut faire contrôler régulièrement ses implants mammaires. Une visite annuelle avec son chirurgien est suffisante. En cas de doute, il vous donnera une ordonnance pour réaliser une échographie et éventuellement une I.R.M.
Cela permettra de dépister une rupture de prothèse ou une coque épaisse. Si c’est le cas, il faudra changer les prothèses, sans urgence.
cordialement
Dr Marchac
Charline
Publié le 28 novembre 2018Dois-je faire contrôler mes implants régulièrement pour éviter tout risque ?